11ème étape : Tarrenz – Ötztaler Gletscher

Mercredi 26 août 2015 – Programme du jour :

carte 11 profil 11Grosse journée en perspective pour moi avec l’ascension en fin de journée de la route des glaciers au-dessus de Sölden, 2ème gros défi que je me suis fixé sur ce périple. Le timing me permet de profiter de la belle vallée de l’Inn inondée de soleil. Large, verte et dotée d’une piste cyclable qui permet aux 2 roues de s’y promener à l’écart des voitures, elle m’offre une matinée plaisante et tranquille.

La traversée de la vallée de l’Ötztal jusqu’à Sölden est un peu gâchée par un trafic routier plus important. Le climat est royal, le ciel d’un bleu éclatant et il fait super chaud lorsque je grimpe enfin sur le vélo. Je ne fais pas vraiment le fier tant le profil de la montée est impressionnant, l’altitude finale aussi du reste. otztaler gletschenstrasseLes premières pentes à la sortie de la station, plutôt sympa de prime abord, sont modérées. Mais très rapidement, un virage à droite amorce la route des glaciers et le début des hostilités !

intersection Gletscherstrasse

Ça monte et ça n’y va pas de main morte. Jusqu’au péage, c’est vraiment costaud mais sans s’énerver, ça passe.

Gletscher 1Gletscher 2

Péage de l'Ötztaler Gletscherstrasse

Péage de l’Ötztaler Gletscherstrasse

Après une courte descente post péage, le sommet apparaît majestueusement.

Gletscher 4 Les sentiments éprouvés dans ces 6 dernières bornes seront alors assez partagés : la béatitude devant un spectacle tout bonnement exceptionnel avec les montagnes et le glacier du Rettenbach au sommet contrastant avec la souffrance endurée sur des rampes surchauffées et particulièrement méchantes. Une ligne droite à 13% finit de me flinguer les pattes, je l’achève en zigzagant avant de conclure la montée à l’arraché. Gletscher 6Gletscher 7

A gauche le Tiefenbachferner, à droite le Rettenbachferner

A la croisée des glaciers ! En face, en l’occurrence, celui du Rettenbachferner

Le parking du Rettenbachferner est proche !

Le parking du Rettenbachferner est proche !

Au sommet, j’ai un besoin de récupérer important, l’occasion de discuter avec des tchèques venus encourager un des leurs qui a réalisé cette ascension sur un vélo couché à la force des bras ! Le type y a passé 9 heures ! Bluffant. Nous profitons de leur présence pour prendre la pose dans un décor magique. J’essaie d’en profiter malgré la fatigue et l’usure.

Rettenbachferner 2Pour info, c’est ici que Pinot a gagné en juin l’étape reine du Tour de Suisse, bravo à lui parce que cette montée est un sacré morceau.

Après l’effort, le réconfort ! C’est toujours sur les hauteurs de Sölden, au bout d’un long et pénible chemin forestier, que nous trouvons l’hôtel fort confortable. Le repas est expédié à une allure folle, c’est que dans ces contrées, ça mange tôt ! Franchement, ce soir, le repos est mérité.

Étape courte mais prestigieuse aujourd’hui. Histoire de la magnifier, Miss météo s’est mise sur son 31 et m’offre son plus beau soleil. De mon côté, je retarde mon départ afin de refaire une beauté à mon vélo. Tout est en place pour vivre une journée exceptionnelle.

Krebsbach Kapelle

Krebsbach Kapelle

Je vous épargne le récit détaillé des 30 premiers kilomètres, à peine agrémentés d’un petit col aussi infect que les vallées camionneuses empruntées, pour me concentrer sur le premier gros défi de la journée : la montée jusqu’au Speicher Finstertal via le redoutable Silzer Sattel. speicherfinstertalLe temps d’une pause pipi au pied de l’obstacle et voilà qu’un cyclo local déboule et part à l’assaut du col ! Il est trapu et affûté mais il est surtout devenu à cet instant une excellente carotte.

Pied du Silzer Sattel

Pied du Silzer Sattel

Les 7,5 premiers kilomètres du Silzer Sattel ne font pas dans la dentelle, la pente est sévère, supérieure à 10% de moyenne, et sans aucun temps mort. Je rattrape ma cible au bout de 3 kilomètres. Après un départ tambour battant, il semble accuser un peu le coup.

Silzer Sattel 1Silzer Sattel 2Plus haut, dans les ultimes fortes rampes, je reviens sur un couple de cyclistes à l’allure tempérée. Tout ce petit monde se retrouve finalement au sommet après avoir négocié une dernière partie d’ascension plus tendre.

Le vue se dégage dans le final

La vue sur la vallée de l’Inn se dégage dans le final

Silzer SattelAttention ! dans le Tyrol, un méchant col peut en cacher un autre. La bascule est brève, moins de 2 kilomètres, et nous propulse immédiatement sur les pentes du Kühtai Sattel. On alterne ici les raidards, dont l’un est particulièrement éprouvant, avec les replats bienfaiteurs jusqu’à la station de Kuhtaï. Kuhtai 1Kuhtai 2

Ici, ça penche !

Ici, ça pique !

Le col éponyme est tout proche et pourtant, il faut s’en détourner pour aller chercher le Speicher Finstertal ! Le barrage du lac visible sur la droite en impose, la route qui y mène aussi !

Cap sur le Speicher Finstertal

Cap sur le Speicher Finstertal

Cette dernière a beau serpenter sur les flancs de la montagne, la pente n’en démord pas et reste tenace tout du long. Le Speicher Finstertal se mérite mais vous le rend bien.

approche du Speicher

Court et étroit tunnel rafraîchissant

Court et étroit tunnel rafraîchissant

Tada !

Tada !

Speicher 3Speicher 4

Panorama depuis la barrage avec la station de Kühtai en contrebas

Panorama depuis la barrage avec la station de Kühtai en contrebas

Final de l'ascension

Final de l’ascension

Final de l'ascension vu sous un autre angle

Final de l’ascension vu sous un autre angle

Décision de la construction du barrage : Début des travaux : Inauguration :

Décision de la construction du barrage : 20 décembre 1976
Début des travaux : 1er juillet 1977
Inauguration : 24 octobre 1980 (on a le même âge !)

KühtaiUn rapide mais indispensable crochet par le Kuhtaï Sattel, histoire d’étoffer mon tableau de chasse, interrompt brièvement ma descente sur Oetz. Bienvenue dans l’immense vallée de l’Ötztal, théâtre du final de cette étape. Avant de réellement m’enthousiasmer, il me faut au préalable remonter ladite vallée jusqu’à Sölden, soit plus de 30 kilomètres casse-pattes et particulièrement hostiles au milieu d’un trafic dense.

Oetz au cœur de la vallée de l'Ötztal

Oetz au cœur de la vallée de l’Ötztal

vallée OtztalEn entrant dans la célèbre station tyrolienne, le soulagement d’en finir avec cet infâme tronçon laisse rapidement place à l’appréhension d’en découdre avec l’Ötztaler Gletscherstrasse.

Sölden accueille dimanche prochain le célèbre Ötztaler Radmarathon

Sölden accueille dimanche prochain le célèbre Ötztaler Radmarathon

C’est que le menu de l’ascension vers le Rettenbachferner a de quoi faire pâlir : 13,3 kilomètres à 10,7 % de moyenne et un finish à près de 2 800 mètres d’altitude ! Ouch, j’en ai mal à la tête et aux pattes avant même de m’élancer ! Afin de se donner du courage, on peut toutefois scinder la montée en 2, le péage automobile situé à mi-pente offrant un court mais précieux répit.

On s'élève rapidement au-dessus de Sölden

On s’élève rapidement au-dessus de Sölden

De chasseur dans le Silzer Sattel, je deviens chassé dans la première partie. Un cyclo, que je soupçonne de préparer l’Ötztaler Radmarathon programmé dimanche prochain, me double au train sans daigner me saluer. Ni mot, ni geste, c’est tout juste si j’existe. L’ascension est longue, je me promets donc de le garder à distance et de le croquer sur la fin ! Sauf que le saloupiot quitte la route des glaciers pour filer droit sur la station d’Hochsölden. L’enfoiré, il l’a fait exprès ! Là, c’est ma rancœur qui s’exprime, faut dire que mon orgueil de grimpeur en a pris un coup dans cette affaire ! L’épisode digéré et le péage atteint, le final de l’ascension s’ouvre alors majestueusement. Le décor est somptueux et la pente toujours aussi coriace.

Ultime virage

Ultime virage (celui-là même où Pinot plaça son attaque décisive) et plus que 2 kilomètres avant de rejoindre le Rettenbachferner !

Mon coup de pédale reste toutefois fluide et fringant, je rattrape ainsi 2 cyclistes avant de mourir sur les talons de Cédric à l’entrée du Gletscher Stadion, le stade du Rettenbachferner où se dispute chaque année l’ouverture de la Coupe du Monde de ski alpin fin novembre. C’est ici aussi que Thibaut Pinot a triomphé en juin dernier à l’occasion de la 4ème étape du Tour de Suisse.

Le Gletscher Stadon

Le Gletscher Stadon

La ligne d'arrivée de la 4ème étape du dernier Tour de Suisse a été tracée au pied du glacier du Rettenbach

La ligne d’arrivée de la 4ème étape du dernier Tour de Suisse a été tracée au pied du glacier du Rettenbach

De là-haut, il y a comme un petit air de Stelvio

De là-haut, il y a comme un petit air de Stelvio

J’y reviendrai mais pour l’instant j’ai une ascension à finir. En effet, la route joue les prolongations jusqu’au parking du Rettenbachferner perché à 2 798,16 mètres ! C’est précis et pour cause, un ouvrage mentionne qu’il s’agit du point routier culminant de l’Europe. Malheureusement pour nos amis autrichiens, le col de la Cime de la Bonette dans le Mercantour est juché à 2 802 mètres d’altitude ! Qu’à cela ne tienne, si le Rettenbachferner ne peut prétendre au trône, la route menant au glacier voisin, à savoir le Tiefenbachferner, atteint la barre des 2 829 mètres d’altitude à la sortie sud de l’interminable tunnel.

Entrée du long tunnel menant au Tiefenbachferner

Entrée du long tunnel menant au Tiefenbachferner

Sortie sud du tunnel, point culminant de l'Ötztaler Gletscherstrasse

Sortie sud du tunnel, point culminant de l’Ötztaler Gletscherstrasse

Le tunnel vu de l'intérieur (photo prise de sa sortie sud)

Le tunnel, long d’1,7 kilomètres, vu de l’intérieur (photo prise de sa sortie sud)

Glacier du Tiefenbachferner

Glacier du Tiefenbachferner

Panorama du Tiefenbachferner

Panorama du Tiefenbachferner sur les Alpes de l’Ötztal

L’affront français est réparé pensez-vous, c’était sans compter sur le Pico Veleta en Andalousie qui voit sa route mourir à 3 367 mètres d’altitude, à seulement 30 mètres du sommet de la montagne ! L’Ötztaler Gletscherstrasse se consolera en apprenant que son concurrent espagnol refuse l’accès aux véhicules, ce qui lui octroie finalement le titre de route goudronnée et ouverte à la circulation automobile la plus haute d’Europe. Cette guéguerre des chiffres n’a finalement que peu d’importance au vu de la majestuosité du site, un univers minéral devenu le royaume des neiges éternelles de l’Ötztal. Comme promis et pendant que je m’affaire à redescendre dans la vallée, je vous laisse avec la vidéo de la superbe victoire toute en maîtrise de Thibaut Pinot en ces lieux magiques :

Cet article, publié dans A travers la Suisse et l'Autriche, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire