10ème étape : Prato allo Stelvio – Santa Caterina di Valfurva

Mercredi 18 juin 2014 – Programme du jour :

10ème étape Dolomites profil 10ème étape DolomitesComme le dirait Pierre Rolland, en avant pour la légende avec au menu du jour : le Stelvio en antipasto, le Mortirolo en primo piatto et le Gavia en secondo piatto.

D’ailleurs, pas le temps de gamberger, à peine sorti du lit que le géant Stelvio du haut de ses 2 758 mètres se dresse face à moi. Or, on ne peut pas dire que je sois du matin et comme les jours précédents, la mécanique va mettre du temps à se débrider. Mon genou gauche couine encore, mon coup de pédale est forcé et le petit déjeuner me pèse sur l’estomac. Bref, les 15 premiers kilomètres vont être laborieux.

A bloc dans le final du Stelvio

A bloc dans le final du Stelvio

Et, comme par enchantement, ou plus simplement comme d’habitude, le moteur va doucement mais sûrement monter en régime, m’offrant ainsi le plaisir d’accélérer le rythme dans le final majestueux du toit routier des Alpes italiennes.

Sommet du Stelvio

Sommet du Stelvio

Le col aux 60 virages, dont 48 sont numérotés, attire son flot de cyclistes et de motards internationaux et ce, malgré la fraîcheur de son sommet (moins de 10°C.).

Ghislain Lambert sur le toit de l'Italie

Ghislain Lambert sur le toit de l’Italie

Je m’y ravitaille rapidement mais n’y traîne pas trop non plus car le froid a tôt fait de vous saisir, surtout moi qui n’est pas d’isolation thermique naturelle. A défaut de graisse (ce qui ravit Ghislain), je vais me couvrir tel un esquimau afin d’éviter l’hypothermie en plongeant sur Bormio. Sage décision car cela piquait sérieusement sur les premiers kilomètres de descente. Mon périple aurait pu s’arrêter net à l’entrée de la station italienne, jumelée à l’Alpe d’Huez, où un papi étourdi a manqué de me couper la route. Plus de peur que de mal, je mets les voiles sur Mazzo di Valtellina avec en ligne de mire le Mortirolo.

Alors que l’interminable vallée agissait sur moi tel un somnifère, une guêpe est venue me réveiller douloureusement avant l’attaque du col qui a construit la légende Pantani à l’occasion d’une étape du Giro 1994. Tandis que Cédric affronte déjà le monstre, je reprends quelques forces à la voiture garée au centre de Mazzo. Au programme des 12,5 prochains kilomètres, une pente moyenne de 10,5 % avec de très nombreux passages supérieurs à 15 % et un pic proche des 20 %, le tout sur une route étroite et zigzaguant au cœur d’une zone densément boisée.

Monument dédié à Pantani dans le Mortirolo

Monument dédié à Pantani dans le Mortirolo

Je récupère Cédric à mi-col, immortalise mon passage sous le monument dédié au pirate et termine assez fort. C’est fou mais j’en arrive à un stade où tout me paraît presque aisé ! sommet Mortirol JLC’est chouette le vélo ainsi. J’attends tranquillement l’arrivée de l’ami au sommet qui mérite amplement sa photo collector, avant de basculer sur Monno et le Val Camonica que je vais remonter jusqu’à Ponte di Legno, bien soutenu par le vent.

Me voici au pied du dernier col mythique du jour, le passo di Gavia. J’attaque le « bimbo terribile », petit frère du Stelvio avec ses 2 618 mètres d’altitude, avec la faim qui me tenaille le bide. Le hic, c’est que je ne m’attends pas à voir arriver Cédric de sitôt. Tant pis, je vais gérer mon effort du mieux que je le peux.

Dans l'ascension du Gavia

Dans l’ascension du Gavia

Première indication, je ne reconnais pas l’infâme col que j’avais gravi il y a 3 ans, sans entraînement il est vrai. Je me répète mais tout me paraît tellement plus simple.

Passage dans le tunnel non éclairé du Gavia: sensations garanties

Passage dans le tunnel non éclairé du Gavia: sensations garanties

sommet GaviaDeuxième indication, il ne me reste que 5,5 kilomètres à escalader lorsque Cédric revient enfin à ma hauteur, soulageant par la même occasion mon estomac affamé. Requinqué, je termine aérien et satisfait d’avoir accompli mon plus beau hat-trick cycliste. Là-haut, la neige est encore omniprésente et le lac gelé, il ne fait pas bon flâner, cap sur Santa Caterina di Valfurva à mi-pente où m’attend une savoureuse douche chaude.

En ce 18 juin, les mythes du Giro des années 90 nous appellent. JL, en effet, s’attaque au triplé Stelvio – Mortirolo – Gavia et moi j’en suis à espérer que le Mortirolo ne devienne pas mon Waterloo. C’est que j’ai déjà eu ma part avec le Zoncolan et le Fedaia. Enfin, il n’y aura pas de morne plaine en ce 18 juin sauf une vilaine vallée entre Bormio et Mazzo.

Je m’attaque au Stelvio en voiture et il n’y a pas à dire, c’est toujours aussi beau et majestueux. La route est merveilleuse, le sommet ultra frais, il tombe même quelques grêlons.

La fantastique route du Stelvio

La fantastique route du Stelvio versant Prato allo Stelvio

Je n’attends pas bien longtemps avant qu’un JL en jambes ne parvienne au sommet. Le voilà bien équipé pour une fraîche descente, et moi, je me rends à Mazzo pied du terrible Mortirolo.

La descente du Stelvio sur Bormio n'est pas mal non plus !

La descente du Stelvio sur Bormio n’est pas mal non plus !

Je peine tout de même à trouver une place avant de me ressaisir et de filer me garer devant l’église. De l’église, je m’attaque au col qu’Indurain avait tant détesté et j’en comprends rapidement la raison. Passo MortiroloLa pente est rude, très rude, les virages nombreux – 33 je crois – et l’asphalte ne rend pas. Très vite, les pentes sont affolantes, je m’accroche. Ma concentration est totale, je passe correctement, je ne m’affole pas, reste zen, prends les rampes les unes après les autres.

Et de 8 pour Cédric. Et quel huitième col !

Et de 8 pour Cédric. Et quel huitième col !

C’est peu dire que je me plais bien, JL me double, me chambre gentiment car dans ma mémoire d’automobiliste, ce col ne m’avait pas semblé raide. Bref ne pas se fier à sa mémoire ! Du moins pas à la mienne.
Ensuite, je double un sympathique VTTiste et termine ce col au maximum de mes capacités. Je m’y serai régalé et j’ai fini très fier de poser pour la photo, JL m’ayant gentiment attendu là-haut. La descente du col fut elle plus déplaisante.

La montée du Gavia, avec sa route forestière toujours aussi charmante et bucolique, fut expédiée tant je devais rejoindre JL au plus vite pour lui donner quelques victuailles. Le final du Gavia, et ses congères, fut frisquet mais visuellement époustouflant.

Panorama des hauteurs du Gavia

Panorama des hauteurs du Gavia

Sommet du Gavia

Sommet du Gavia

La soirée passée à Santa Caterina, dans la descente de ce même Gavia sera tranquille.
La journée quant à elle aura été démentielle comme son tracé impitoyable le prévoyait.
Allez, au lit !!!

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